Hello!
Hello!
Ecoutez une histoire vécue de mon pays, une jolie
histoire qu’hier conta NANA WANGO, la plus vieille femme du village, à peau
ridée. Une édentée dont les ans ne se
comptent plus et qui a la mémoire fraîche comme l’eau d’une gargoulette. Voici
comment parla NANA WANGO:
Mon conte, d’un vol léger file…..et va se poser dans
l’espace infiniment bleu, quelque part,
où siège un grand trône. Le plus haut et le plus beau, l’indescriptible
trône d’ÉLÉDOUMARÉ Dieu de l’univers, de sa grandeur qui a mille noms selon les
peuples de la planète bleue et qui s’élève très haut au-dessus de tout ce qui
s’adore. Sur ce trône donc, un jour, dit le conte, ÉLÉDOUMARÉ se tenait, un
immense sceptre dans les mains et la tête penchée. Il scrutait l’univers,
entouré de ses enfants : CHANGO dieu de la foudre et du feu, YÉYÉ OMON ÈJA
déesse des grands bleus, NANA BLÉWAN déesse de la terre, OGOU dieu des métaux.
Enfin, son fils ainé OBATALA, dieu de l’air, porteur du souffle de la vie, se
tenait près de lui.
<<Père, dirent-ils, nous t’avons assisté dans ton
ministère, le plus ardu que nous ayons vu et qui consiste à contenter toutes
les créatures avec leurs désirs multiples et contradictoires. Passe encore
quand il s’agit des plantes et des animaux ! On peut à la rigueur les
satisfaire. Mais satisfaire l’homme est une autre chose, mensonge, duplicité,
orgueil, égoïsme, rapt, vol, et meurtres
sont, chez lui des défauts courants. Nous avons vu hier trop de sang couler,
trop de veuves pleurer pour ne pas avoir du dégoût pour la planète bleue. Il
nous semble qu’il serait possible de mettre un peu de justice parmi les humains
et un peu d’ordre dans ce chaos.>> ÉLÉDOUMARÉ, le père, sourit dans sa barbe blanche :
<< Mes enfants, un jour, j’étais ici et j’entendis un éléphanteau demander à sa mère>> : <<
pourquoi as-tu un aussi long nez ?>>
<<Les ans, mon fils, te le diront>>, répond la
mère. <<Pour faire droit à vos propositions de faire
descendre la justice sur la planète bleue, je vous donne carte blanche ;
je vous cède ma place. Voici devant vous les leviers de la commande. Dirigez
donc à vos grés la planète bleue. Mais pour vous faire la main, bornez-vous à
concentrer votre attention sur un seul point. Tenez, surveillez ce gué, par
exemple. >> Il dit, et aussitôt, comme une fumée, s’évapora dans l’air
bleu. Les nouveaux automédons, avec OBATOLA à leur tête, prirent le gouvernail
du monde. Penchés, ils observaient
attentivement la planète bleue, lorsqu’ils virent un cavalier richement
vêtu, a la fière allure, venir au bord du ruisseau dont ils venaient de
recevoir la surveillance. L’homme traversa à cheval le courant d’eau puis,
mettant son coursier au galop, disparut dans un nuage de poussière sans s’être
aperçu qu’il avait par mégarde laissé tomber au bord de l’eau une bourse pleine
d’or attachée à sa selle. Quelques instants après, un voyageur vint à
passer ; il but de l’eau et continua son chemin sans se douter de la
présence du sac d’or. Il venait à peine de s’éloigner que le cavalier revenant
sur ses pas au galop, l’apostropha, lui demandant <<As-tu une bourse
d’or ?>> L’autre, bleu d’innocence, répondit <<Je n’ai rien vu>>, Le cavalier
vexé le traita de menteur, et, pris d’une colère bleue, il passa son interlocuteur au fil de
l’épée. Ayant essuyé son arme, il fit demi-tour et continua son chemin.
Quelque temps après, un singe vint à passer. Il pataugea
dans l’eau, en but, puis, apercevant la bourse d’or, il prit les pièces du
précieux métal qu’il jeta dans la nappe liquide. Laissant le reste sur le
rivage il s’enfuit dans la brousse, son domaine. A peine venait-il de
disparaître qu’un pauvre hère vint à passer à son tour, il but aussi de l’eau,
vit la bourse la ramassa et prit le chemin de traverse pour disparaitre
bientôt, trop heureux de cette aubaine inespérée. Les fils et filles du
créateur, perplexes, regardaient en songeant au moyen de punir, pour une bourse
d’or, un meurtrier, un singe et le dernier passant sans oublier de rappeler à
la vie le pauvre innocent que le
cavalier avait tué . Ils
songeaient, sans trouver une solution acceptable à tous ces problèmes. Ils
auraient continué à rêvasser sur ces indivisibles données si leur père
ÉLÉDOUMARÉ, brusquement n’avait paru à leur côté. Il leur demanda d’un ton
sérieux : << Alors et cette réforme ?>> << Nous ne nous reconnaissons plus,
avouèrent ses enfants, nous vous laissons votre trône !>> <<
Mes enfants, dit ÉLÉDOUMARÉ, il n’y a
pas de quoi s’énerver. Dites-vous bien
que tout se paye, qu’une justice pour être rigoureuse, doit être patiente. Je
vais vous donnez le mot de l’énigme. Voyez-vous ce cavalier contre qui vous
fulminez ? Son arrière grand-père a été tué par le grand-père de sa
victime, justice est donc faite. << Quant à la bourse d’or, elle a été
reprise de force aux vieux parents du pauvre qui l’avait emportée. <<Le
singe a jeté à l’eau la partie qui appartient à ceux qui avaient usurpé cette
fortune. J’ai fait retourner l’or à ceux qui l’avaient acquis à la sueur de
leur front. Le singe n’a été, en cela, que l’instrument de mes mains. >>
Les enfants confus, se prosternaient et adoraient leur père, le créateur, le
grand karma justicier de l’univers.
La morale de tout ceci ? Ne criez ni à l’injustice des hommes ni à l’indifférence de
Dieu. Aucun mal ne se crée, aucun bien ne se perd ; tout se paye en ce
bas-monde. Mon histoire finit
là, puis s’envole, elle court,
court et va se perdre dans les vagues du
grand bleu.
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